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les épis

Jetant des flèches d’or dans les airs diaphanes,
Il n’est plus un seul gîte où dorme le passant.
Alors vers une grotte, au flanc de la montagne,
Se dirige à pas lents un couple soucieux :
Joseph, de Nazareth, et sa jeune compagne.
La ville allait dormir, mais on veillait aux cieux.

On veillait aux cieux. Or, au-delà d’une gorge,
Au pied de Bethléem où dort Beït-Saour,
Dans la plaine où Booz moissonnait ses champs d’orge,
Des bergers reposaient en attendant le jour.
Tout à coup resplendit une vive lumière.
C’était comme un lac d’or où flottaient, vaporeux,
Le buisson, le rocher, le troupeau, la chaumière.
Un ange s’avançait. Il se pencha sur eux.

Il leur dit, — et sa voix n’était comme nulle autre :
— Israël de son Dieu n’est pas abandonné.
Apprenez, ô bergers ! quel bonheur est le vôtre,
Voici qu’aujourd’hui même un Sauveur vous est né.
Il repose en l’étable, enveloppé de langes.
Vous le reconnaîtrez à ce signe certain.
Et l’envoyé céleste, après ces mots étranges,
Entra dans l’infini. Tel un soleil s’éteint.