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les épis

— Ce talisman nouveau, dit-elle, c’est la croix !
Je t’aime, tu le sais, et tu m’aimes, je crois.
Ne te désole pas. L’espoir que tu caresses
Ne sera point qu’un rêve, Ounis, si tu t’empresses
De chercher, comme moi, dans le Christ la vertu.
La Robe Noire attend, va donc, Ounis… Veux-tu ?


LA SURPRISE


Les vieillards ont siégé sous la forêt. Dans l’ombre,
Loin du Visage pâle ont siégé les vieillards…
Les guerriers Iroquois sont venus, en grand nombre,
Surprendre les Hurons, pendant que les brouillards
Tendent leur voile humide autour de la bourgade.
Sur les eaux, sous les bois, dans la lueur qui fuit,
Glisse comme un serpent l’infernale brigade.
Elle guette sa proie. Ô la sanglante nuit…
La mort plane !
La mort plane ! L’Autmoin a prédit la victoire.
Il a parlé deux fois à l’esprit des combats.
Les Blancs auront leur tombe ici. Ce territoire,
Depuis le lac sans fin jusqu’aux monts de là-bas,
Est aux chasseurs. Les Blancs et les Hurons qu’ils aiment
Seront tous égorgés. Les Hurons les premiers,