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muet est enlevé et porté sur les épaules de la foule triomphante. Il pleure. Ce changement subit de fortune le touche extraordinairement. On le porte loin. Quand il aperçoit l’église paroissiale, il fait signe qu’il désire y entrer. La foule s’agenouille avec lui au pied des autels. Le prêtre qui l’a visité dans son cachot sort de la sacristie, et reste stupéfait à la vue de cet empressement inaccoutumé du peuple à visiter le temple du Seigneur. Il aperçoit le muet et comprend tout. Il vient à lui, le presse sur son cœur, récite à haute voix une prière d’action de grâce, et emmène chez lui le prisonnier libéré. La foule se dispersa. L’homme de la police secrète qui avait assisté à l’interrogatoire, alla frapper au presbytère et demanda à voir l’hôte nouveau du curé. Cet excellent prêtre était le même qui avait pris sous sa protection Geneviève et Marie-Louise, et leur avait ménagé un asile à la campagne.

L’homme de la police fait de nombreuses questions au muet, et s’avise de lui demander s’il connaît les voleurs. Il est atterré en quelque sorte de la réponse du muet, qui fait un signe affirmatif, et il demeure silencieux pendant une minute.