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amis, ses voisins, et l’on va par bandes joviales. Chacun à son tour fait sa corvée. Quand le lin s’est transformé en une filasse blonde et soyeuse, on paie les brayeurs par une veillée de jeux et de danse.

Asselin venait d’apporter le reste du lin.

— Plus tôt vous aurez fini, mieux ce sera pour vous, dit-il, ce sont les dernières bottes et elles sont petites.

Un immense hourra monta des bords du ruisseau, et les jeunes gens se courbèrent avec une nouvelle ardeur sur les braies retentissantes. Asselin souriait. Il y avait dix travailleurs sans compter madame Eusèbe qui faisait sécher le lin : cinq garçons et cinq filles. Édouard Dufresne qui secoue ses poignées avec une vigueur et une adresse admirables, tout en lançant des œillades à sa voisine ; Philippe Bégin et Xavier Déry qui ripostent sur tous et sur tout, Léon Dugal et Anthime Noël qui travaillent en conscience pendant une heure, et pendant l’heure suivante se mettent en grève, et turlupinent les filles ambitieuses qui luttent de vitesse et d’habileté ; Arthémise Boisvert, dont le renom comme