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Et confiante en son heureux sort, elle se reposait dans une paix profonde. Fortement attachée à l’enfant, elle la suivait partout, veillait sur ses jours avec la sollicitude d’une mère, lui ménageait mille surprises agréables, et lui parlait souvent des parents dévoués que le bon Dieu avait sitôt appelés à lui. La petite Marie-Louise, qui n’avait jamais entendu une parole affectueuse, ne comprenait point l’amitié dont elle était l’objet, et demandait naïvement pourquoi on l’aimait et ne la battait jamais. Madame Lepage s’était vite attachée, elle aussi, à sa fille adoptive. Elle ne l’avait près d’elle que depuis quelques jours, et déjà elle faisait des projets riants pour son avenir. On avait parlé, en famille, de la mettre au couvent. M. Lepage voulait en faire une demoiselle. Madame Lepage voyait arriver à la porte, dans ses rêves un peu vains, les cavaliers jeunes, riches et farauds ; Geneviève se la représentait dans l’habit de bure et sous l’humble voile des religieuses. Tour à tour la petite Marie-Louise disait qu’elle n’abandonnerait jamais les nouveaux parents qui l’avaient adoptée, ou qu’elle serait religieuse, selon qu’elle faisait ses confidences à Geneviève ou à madame Lepage.