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La petite Noémie Bélanger paraît triste depuis le fatal dénouement du procès. Elle ne chante plus en allant traire les vaches, et prie pour être délivrée de ces liens mystérieux qui l’attachent au malheureux garçon, liens plus forts et plus durs que ceux d’une simple amitié. Elle sent bien que son cœur sans défiance s’est laissé prendre, et elle veut revenir à l’indifférence. Hélas ! le cœur qui s’est donné à l’amour ne se délivre pas aisément de ses chaînes ; il est comme l’oiseau qui ouvre ses ailes captives dans une cage étroite. Il s’élance vers la liberté, mais il retombe sans cesse plus triste et plus meurtri. Une voix mystérieuse dit à la jeune fille que son ami n’est point coupable ; mais elle s’efforce d’imposer silence à cette voix qu’elle croit menteuse. Quelquefois elle a honte d’avoir été la dupe de ce jeune étranger, qui n’a fait que passer, en quelque sorte, dans le village, et elle pense que ses compagnes auraient été plus prudentes et plus sages qu’elle-même. Le souvenir des trois individus qui se sont montrés soudain à ses yeux et se sont ensuite cachés pour n’être plus vus de personne, le soir même du vol, surgit dans son