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La main du moribond ne s’ouvre point, car il pense, dans son trouble inexprimable : Si la pioche donne encore un coup, je vais être tout à fait écrasé.

Il ne peut parler, et râle comme un asthmatique après une course. Madame Eusèbe fait de nouveaux efforts pour se soustraire à cette main formidable. Elle donne des secousses violentes, elle s’arc-boute sur les débris de la cave. Peine inutile, vaines tentatives ; elle est enchaînée là, comme une embarcation par une ancre. Elle s’irrite.

— Laisse-moi ou je dirai tout ! s’écrie-t-elle, je te trahirai !… je ferai connaître tes projets infâmes ! Entends-tu ? laisse-moi ! ou je te ferai monter sur l’échafaud !… Canaille ! canaille ! me laisseras-tu ?… Ah ! si j’avais su !… Pour l’amour de Dieu, José, laisse-moi donc aller !… Tiens ! je t’en conjure à deux genoux !… Pardonne-moi ce moment de colère… Vite ! laisse ! il va faire jour bientôt !…

La main implacable ne s’ouvre point.

— Il est mort ! pense-t-elle,… c’est la main d’un mort qui m’a saisie !…