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— Laisse-moi donc ! dit-elle encore.

Et elle s’efforce de se débarrasser de l’étreinte horrible du mourant… Les doigts du meurtrier, fermés comme des mâchoires de tenailles, s’enfoncent de plus en plus dans la main potelée de la femme.

— Je ne pourrai pas enlever la terre qui te couvre… repart-elle… et tu seras trouvé demain matin par les hommes qui vont venir !… Laisse-moi ! Laisse-moi donc !… José !… je t’en prie !… pourquoi fais-tu cela ?… Je suis venue pour te sauver !… Je suis venue toute seule, en pleine nuit… Il fait noir ! Eusèbe dort… laisse-moi travailler avant le matin !…

La main crispée la serre toujours.

— Tu ne m’aimes donc point, mon frère ?… Ah ! comme tu as le cœur dur !… Moi je me sacrifie pour toi !… Laisse-moi donc aller, hein ? mon petit ! mon cher ?… Je suis ta sœur, tu sais ?… ta petite Caroline que tu aimais tant !… Desserre les doigts un peu, rien qu’un peu !… Pourquoi me fais-tu mal ?… Veux tu me faire mourir de peur ? Tu n’es pas méchant !… tu ne m’en veux point… Je te donnerai de l’argent… oui, tant que tu en voudras…