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tambour à ses oreilles. Le sang lui sort des yeux.

— Est-ce que je brûle ? se dit-il.

Seuls ses doigts crispés peuvent mordre la terre qui les enveloppe. Le sommeil le gagne.

— Il ne faut pas que je m’endorme, je pourrais mourir ! ne plus me réveiller !…

Ses dents saisissent un morceau de terre et le broient de rage. Le poids qui l’écrase lui semble de plus en plus pesant.

— C’est le pèlerin qui monte et piétine sur moi… pense-t-il encore.

C’est la justice de Dieu qui l’atteint ; c’est le poids de la colère du Seigneur qui pèse sur sa tête. Il râle, il râle !… Quelques grains de sable glissent le long de ses joues. Il croit que ce sont les vers de la tombe qui commencent leur travail, et une angoisse indicible le fait frémir dans son linceul épais. Un engourdissement extraordinaire paralyse ses membres, et il s’imagine n’avoir plus de pieds, plus de mains, plus de corps. Il s’imagine qu’il n’est plus qu’une tête horrible