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Racette regarda à son tour. C’était bien lui ! c’était l’orphelin qui venait, tout à son amour, tout à son bonheur, vers la cave dangereuse. Les brigands s’enfoncèrent sous la voûte épaisse, fermèrent la trappe, et se donnèrent la main dans une anxiété terrible. Le maître d’école tremblait. Il s’assit dans un coin, s’adossant aux pièces pourries. Le chef prit le fusil, en fourra le canon dans la meurtrière nouvelle, et, le doigt sur la gâchette, l’œil fixé sur le sentier, il attendit.

Le pèlerin regarde, de loin, la forêt d’érables qui déroule son voile gris de l’autre côté du ruisseau. L’image de la belle Noémie est toujours devant ses yeux. On dirait qu’elle l’appelle et qu’il la suit. Il voit glisser une ombre blanche à travers les troncs noueux. C’est la folle qui revient à la fosse mystérieuse. Il ne s’aperçoit pas que le soleil est descendu derrière les Laurentides ; il ne voit pas remuer, dans l’ouverture de la cave, la bouche menaçante du fusil braqué sur lui. L’arme meurtrière tourne lentement à mesure qu’il avance. Le vieux brigand attend que sa victime soit plus près de la côte, plus près de sa tombe humide…