Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ce qui se passait dans mon âme ;… mes regards seuls me trahissaient,… et j’étais sans espoir !… Comment aimer un misérable qui ne peut pas vous faire entendre ces doux serments qui résonnent, comme une harmonie divine, aux oreilles et jusqu’au fond du cœur de l’objet aimé ?… Oh ! que j’étais malheureux, Noémie !… que j’étais malheureux ! car je t’aimais, vois-tu, je t’aimais !… La jeune fille baissait les yeux avec grâce.

— Tu avais pitié de moi, peut-être, continua le pèlerin, mais tu ne m’aimais point !… tu ne pouvais pas m’aimer !… Maintenant que je parle ; maintenant que tu sais que je ne suis ni un voleur, ni un malhonnête homme ; maintenant que tu sais que je suis ton compagnon d’enfance, ton vieil ami ; maintenant que tu sais que je t’aime, Noémie, m’aimes-tu ?

La jeune fille serra la main du pèlerin. Un aveu suave tomba de ses lèvres : Je t’aime !… dit-elle timidement et bien bas. Mais le jeune homme entendit. N’eut-il pas entendu, qu’il eut bien compris le serrement de main timide, léger, ravissant qui fit courir un frisson d’ivresse dans toutes ses veines.