Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/279

Cette page a été validée par deux contributeurs.

par l’ascendant merveilleux du jeune homme en pleurs.

— Ô Noémie, dit le pèlerin en pressant la main de la compatissante enfant, ô Noémie, tu ne sauras jamais ce que j’ai souffert dans cette chambre, quand nous y sommes venus ensemble, l’autre fois, et tu ne comprendras jamais la joie que j’y ai goûtée !… ce que j’ai souffert en me voyant dans l’impossibilité de dire qui j’étais, de rappeler ce que j’avais vu se passer à la mort de ma mère, de raconter toutes ces choses de l’enfance qui me revenaient à l’esprit si nombreuses et si charmantes !… ce que j’ai goûté de joies, en voyant tout à coup que tu me comprenais, que tu me devinais, que tu disais mon nom que je ne pouvais pas te dire !… Oh ! jamais, je n’oublierai ce moment !…

— Jamais je n’oublierai, non plus, reprit Noémie, les émotions qu’alors j’ai ressenties !… jamais, non plus, je ne pourrai bien m’en rendre compte !… C’est comme un rêve qui nous échappe au réveil. Je sais que j’étais heureuse et que je pleurais avec toi…

— Noémie, je ne pouvais pas alors te dire