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pouvait être gâté par l’eau, si les mauvais temps, fréquents l’automne, prenaient avant qu’il fût engerbé et serré. Le cultivateur doit, plus que tout autre, mettre à profit tous les instants. Il a souvent lieu de regretter, aux jours de pluie, les heures qu’il a perdues quand le temps était beau. M. Lepage ressentit du chagrin en songeant à la pauvre folle qui cherchait encore l’enfant retrouvée. Il pria les gens du voisinage d’en prendre soin, et promit de revenir la chercher un peu plus tard. Les adieux de Marie-Louise et du pèlerin furent touchants. La jeune fille, pourtant, ne comprenait guère la profondeur de l’attachement que lui portait son frère. Elle ne le connaissait que depuis quelques jours : elle ne se souvenait plus que d’une manière vague du temps qu’ils avaient passé ensemble sous la tutelle de leur oncle. Mais lui, le pèlerin, il n’avait rien oublié ; il aimait sa sœur d’une amitié vive, constante, inaltérable, parce qu’elle avait souffert, parce que la même infortune avait d’abord empoisonné leurs jours, parce qu’il était plus fort et plus âgé qu’elle, et qu’il l’avait sauvée deux fois de la mort.

Imposant silence à son ressentiment, ornant