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— C’est comme cela, dit-elle, on se sacrifie toute sa vie, on ruine sa santé pour faire plaisir à ces messieurs et les servir comme il faut, et voilà comme ils sont reconnaissants.

— Ne vous fâchez pas, la mère, on ne vous abandonnera pas, continua le jeune homme ; on boira tout autant de mauvais rum que par le passé, on mangera tout autant d’omelettes au lard rance.

— Du mauvais rum ! du lard rance ! l’entendez-vous ? Il mériterait d’être foudroyé sur le champ.

— Par les yeux de cette jolie fille ! ajouta Picounoc, qui venait d’apercevoir et montrait de la main, la fille de La Colombe victorieuse.

La Louise se mordit les lèvres et sortit. Tout le monde regarda la belle voisine. Le maître d’école jura qu’on n’en trouvait pas d’aussi mignonnes derrière tous les rideaux. Les gens de cage se promirent de l’aller voir de plus près.

— Allez ! allez ! reprit la bonnefemme Labourique, froissée, vous êtes libres. Vous n’avez pas ce que vous désirez avoir ici. On vous soigne au bout de la fourche.