désir de la recueillir chez lui. Lepage insista, promettant de l’entourer plus que jamais de tous les soins que demandait son jeune âge, et s’engageant à la placer dans un couvent pour la faire instruire. Il eût été injuste de refuser à cet homme charitable une si bonne occasion de pratiquer la plus belle des vertus, et à cette orpheline les biens précieux dont on voulait la combler.
Pendant que l’on décide de laisser l’enfant à son nouveau protecteur, deux jeunes gens entrent : ce sont Picounoc et l’ex-élève. Bien qu’il y eût du froid entre eux, ils étaient venus ensemble, voir leur camarade et s’assurer de sa guérison miraculeuse. L’ex-élève porte un visage radieux. Les chagrins ne laissent pas de longues traces sur cette nature folâtre et gaie. L’amour, comme un vin généreux, l’enivre. Picounoc n’a plus son air gouailleur de coutume, ni son rire sceptique, ni sa voix nasillarde, car il ne parle plus, pour ainsi dire. En revanche, dans sa pâleur il paraît plus long que la veille. Tous les regards se fixent sur eux. Ils ne s’en émeuvent point : la timidité n’est pas le défaut d’habitude des gens de cage. À la vue de ses compagnons,