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fermeté du jeune homme. Il veut attirer Emmélie à lui. Elle se sauve en disant : — Vous avez fait trop de mal à ma mère !

Madame Saint Pierre sort de son évanouissement. Une amère angoisse est peinte dans son regard. Elle ne sait que dire, elle ne sait que faire. Quelle horrible position que la sienne ! Elle a aimé son mari ; elle a pleuré sur son infidélité ; mais un cœur naturellement bon et sensible est toujours enclin à la miséricorde. Elle n’a pas vu vieillir son époux à ses côtés, et son souvenir le lui montre toujours jeune et beau comme au temps jadis, alors qu’oubliant tout elle s’est donnée à lui. L’ex-élève, comprenant dans quelle situation la présence inutile de cet homme jette Emmélie et sa mère, prend une détermination ferme :

— Sortez ! dit-il au vieux chef des voleurs et ne reparaissez plus dans cette maison sans y être mandé, ou bien je vais, sans retard, vous dénoncer.

Le chef lance un regard brûlant au jeune homme. Il comprend qu’il ne peut ni affronter le danger, ni attendre les dénonciations. Il