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Le lendemain, dans la relevée, Saint Pierre, toujours mis en bourgeois, la tête couverte de sa perruque noire, et la bouche surmontée d’une longue moustache, sortit sous prétexte d’aller voir quelques fermes ou quelques emplacements dont on lui avait parlé. Il se dirigea vers l’église. C’était ce jour-là même, et vers le même moment, que l’ex-élève et la jeune Emmélie se promenaient en rêvant d’amour, dans les allées du petit jardin nouvellement acquis par la maîtresse de La Colombe victorieuse. C’était au moment où le cynique Picounoc venait de retrouver sa mère et sa sœur, en ravivant, dans leurs âmes pures, des souffrances insupportables. Le vieux fripon cheminait d’un pas rêveur. Il regardait, de côtés et d’autres, les champs jaunis qui se déroulaient bordés au loin par la forêt, comme par un ceinturon de deuil. Les chemins des charroyeurs et les routes publiques perçaient des trouées claires dans la bordure sombre. Saint Pierre s’arrêta pour causer avec les habitants qui le saluaient en ôtant leur chapeau. Les habitants étaient heureux de lui donner les renseignements qu’il sollicitait. Il arriva près d’une maison plus petite et plus coquette