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de la croix, sur le sommet de la côte de sable… Où est la croix ? je ne la vois plus !… Je vois le monstre au fond de l’abîme !… Il est là !… il m’appelle !… Ses promesses sont menteuses, son amour est mortel !… Le sable roule sous mes pieds ! Saints de Dieu, sauvez-moi !

Il se retire d’un pas en arrière : Racette ! Racette ! reste seul au fond du gouffre !… Ne garde pas la petite Marie-Louise dans ce sépulcre humide !… rends-la moi !… rends-la moi ! ou je t’arrache les yeux avec mes ongles durs !

Il regarde la lune : Éteins ta lumière !… n’éclaire plus le travail des ouvriers de l’enfer ! Le bon Dieu ne t’a pas allumée au ciel pour que tu prêtes ta lumière aux démons…

— C’est Geneviève, dit tout bas le maître d’école à son complice.

— Cette maudite folle peut nous trahir, répond le chef.

Ils restent un moment silencieux. La folle parle et gesticule toujours, tantôt suppliant, tantôt menaçant, un instant plaintive et l’instant d’après en courroux.

— Tuons-la ! dit Saint Pierre.