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— Il est parti de la maison depuis longtemps, continue le vieillard, et il ne m’a jamais envoyé de ses nouvelles. Il n’a pas de cœur.

— Vous ne savez pas où il est ?

— Non… non je ne le sais point…

— Il est ici ! murmure une voix basse et souffrante.

Tout le monde se détourne cherchant qui parle de même.

— Il est ici ! répète la voix mourante.

— Lui ! s’écrient à la fois tous les gens.

Le charlatan répète pour la troisième fois :

— Il est ici ! c’est moi…

— Mon Dieu ! serait-il possible ? dit le vieillard en joignant les mains.

Et s’approchant du malade, il le considère longtemps avec attention. Goutte à goutte des larmes tombent de ses yeux. On l’entend murmurer, comme se parlant à lui-même :  Oui c’est lui !… c’est bien lui !… je le reconnais… j’ai vécu un jour de trop !…

Le charlatan regarde pleurer son père et demeure impassible. On dirait par moment qu’il jouit de la douleur du vieillard infortuné.