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paroisse. Il n’omit aucun détail. Le vieux Saint Pierre avait besoin de ses lunettes pour cacher l’étonnement que trahissait son regard. Il mordait sa fausse moustache. Il remercia poliment le garçon bienveillant et babillard ; monta dans la calèche, tira sur les guides, fit virer le cheval, et reprit au grand trot le chemin de la ville. Le garçon pensa :

— Voilà un drôle ! Il vient ici pour faire boire un cheval qui n’a pas soif, et s’en retourne sans plus de façon.

Le vieux Saint-Pierre est songeur :

— L’horizon s’assombrit, pense-t-il : la foudre nous menace. Il n’y a plus à reculer. Le plus tôt sera le mieux.

Il arrive de bonne heure à Québec, et retrouve ses compagnons réunis chez Mademoiselle Paméla. La réunion est silencieuse. L’inquiétude se lit sur toutes les figures.

— Eh bien ! quelles nouvelles ? demandent à la fois les brigands en voyant entrer leur chef.

— Mauvaises, répond le vieux Saint Pierre en ôtant ses lunettes, sa perruque et sa moustache.