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lui demande pardon. Il essaie de redire l’Ave Maria, qu’il avait promis de réciter tous les jours de sa vie, et qu’en effet, il avait presque fidèlement dit, mais sa langue est toujours enchaînée.

Quand le son argentin de la petite sonnette de cuivre annonce l’Agnus Dei, il se sent pris d’un transport inconnu. Un souffle puissant se réveille au fond de son être. Un désir ardent de s’unir à son Dieu le tourmente soudain. Comme un homme endormi dans un rêve pénible, fait un suprême effort pour s’éveiller et se soustraire aux angoisses qui l’oppriment, il veut secouer le sommeil de son âme. Il lui semble que son esprit va prendre des ailes et laisser la terre. En s’approchant de la sainte-table, il lève, vers l’illustre patronne de l’église, un regard suppliant, doux et plein de larmes. Il croit voir sourire la bonne sainte, et toute sa personne s’agite dans un transport inexprimable. Il croit entendre des chants angéliques au-dessus de sa tête et dans l’abside où flottent des nuages d’encens. Il lui semble que des flots de lumière enveloppent l’autel auguste. Il est plongé dans une adoration profonde. Il est