Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, Tome II, 1877.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Nous aimons notre religion plus encore que notre patrie, et malheur à ceux qui voudraient nous la ravir.

La cloche sonna gaiement le dernier coup de la messe, et les tintements sacrés de l’airain, s’envolant au-dessus des collines pittoresques des alentours, annoncèrent aux habitants dispersés sur la route que le sacrifice du calvaire allait commencer. Tous se hâtèrent d’arriver.

Le prêtre, suivi du clerc qui portait le bénitier, fait le tour de l’église en bénissant les fidèles. Il passe près du pèlerin qui s’est mêlé aux hommes dans une allée, en avant, et lui donne l’eau sainte en demandant à Dieu de le regarder d’un œil favorable. Tout le monde sait où se trouve le muet et l’observe avec une curiosité bien excusable. Lui, il demeure, pendant la plus grande partie de la messe, à genoux, les mains jointes, les yeux levés sur l’image de Sainte Anne. Il ne paraît point s’apercevoir de l’intérêt qu’il excite autour de lui. Par moment on le croirait dans une extase sublime. De temps en temps il se frappe la poitrine, et des larmes, s’échappant de ses paupières, coulent le long de ses joues. Sa pensée, parfois aussi, monte vers sa mère regrettée. Il