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Il resta dans l’humiliation, pleurant, mais soumis à la justice divine. Tout le jour il fut en prière. Le prêtre l’encourageait et priait avec lui. Le lendemain, c’était le samedi, il reçut encore la sainte communion. Sa confiance augmentait et sa foi brillait de plus en plus. Dans toute la paroisse on parlait de ce pèlerin nouveau. Plusieurs venaient à l’église pour le voir, et dans l’espoir d’être témoins d’un miracle. Parfois cependant un nuage passait sur le front du jeune homme, et le doute amer se glissait dans son esprit inculte. Il n’osait plus espérer.

Le dimanche, les voitures chargées de fidèles arrivèrent de toutes les parties de la paroisse. Dans nos heureuses campagnes, et dans nos villes aussi, la foi ne s’éteint pas au souffle vénéneux du scepticisme, et les églises se remplissent de croyants. Nous ne comprenons pas encore qu’il soit mieux d’aller au cabaret ou à la promenade que de s’agenouiller ensemble, comme des frères, sous le toit béni du temple, pour se recueillir et prier. Les esprits forts qui affectent de rire de tout, parcequ’ils ne comprennent rien, et ne songent point à la mort, sont pour nous de tristes curiosités.