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tout vis-à-vis la maison où se cachaient ses amours.

Picounoc passant chez Bélanger vit Noémie dans la fenêtre. Il entra, la jeune fille le reçut poliment, mais avec assez de froideur. Ils causèrent longtemps et le soir arrivait quand il se souvint de sa mère. Il demanda à Noémie la permission de revenir.

— Je ne refuse de voir que les malhonnêtes gens, répondit-elle un peu fièrement.

Il est encore agréable de se promener dans les allées solitaires des jardins, aux beaux jours d’octobre, et de fouler aux pieds les feuilles jaunies que le vent a détachées et qui tapissent le sol. Tout porte à la rêverie : les dernières fleurs qui se penchent, frileuses, en donnant au soleil leur dernier sourire ; les rameaux dénudés qui ressemblent aux cordages des barques sans voiles, les soupirs de la brise fraîche qui semble pleurer en s’envolant, la pâleur du gazon qui se fane comme une vierge délaissée. L’aspect calme et mélancolique des champs inspire de douces et sérieuses réflexions. Les bois qui se dépouillent de leurs écharpes multicolores, et, nus, s’endorment d’un sommeil profond que seul le soleil du printemps pourra dissiper,