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le bon Dieu vous punira. Le bon Dieu voit partout, mais moi je ne vois nulle part ! Ah ! je vous en prie, rendez-moi l’enfant pour que mon âme soit sauvée !…

Elle ouvre la porte. Madame Asselin s’avance au devant d’elle.

— Geneviève, entre, tu vas coucher ici. J’ai un bon lit à te donner.

La folle la regarde d’un œil courroucé :

— Menteuse ! laisse-moi !… tu me ferais geler comme tu faisais geler la petite Marie-Louise !… Les lits que tu donnes aux autres sont le plancher nu. Tu me conduirais aux framboises pour m’égarer, comme tu as égaré l’enfant !… C’est toi qui l’as perdue !… malheur ! malheur à toi !…

Et elle disparaît.

Les divertissements furent suspendus. L’apparition lugubre de la folle avait troublé la fête, comme la pierre jetée dans l’arbre où chantent les oiseaux, trouble le concert aérien.

Asselin fumait sa pipe devant le foyer. Il avait appris la libération du muet, mais il ignorait encore l’enlèvement de la petite Marie-Louise. Comme on le sait, il n’avait dit à per-