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bandeau pressait, comme un cercle, sa bouche muette. La place de la petite Marie-Louise était vide.

Madame Lepage sortit dehors en criant. Les voisins l’entendirent : ils accoururent. Lepage se redressant pour aller déposer ses poignées de grain, regarda du côté de la maison et vit les gens qui couraient en se dirigeant tous au même endroit. Il se douta qu’il y avait quelque chose d’étrange, planta sa faucille sur un piquet de cèdre et partit.

Les voisins entrèrent, défirent les liens qui enchaînaient Geneviève, enlevèrent son bandeau de linge et lui rendirent la liberté. Elle éclata de rire.

— Mon Dieu ! s’écria Madame Lepage, que signifie cela ?… Geneviève, savez-vous qui vous a maltraitée ainsi ?

Geneviève se mit à rire de nouveau, de ce rire hébété qui rend effrayante la figure des idiots. Tous les gens la regardaient avec stupeur, et elle fixait sur chacun tour à tour ses yeux égarés.

— Elle est folle ! s’écrie-t-on.

— Marie-Louise ! où est Marie-Louise ? demande Madame Lepage.