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En allant à l’ouvrage, il offrait à Dieu sa journée, et regardait avec admiration les merveilles de la nature qui publient sans cesse la puissance et la bonté de l’éternel Créateur.

Geneviève était matineuse. Madame Lepage fut surprise de ne point l’entendre balayer, et de ne point la voir préparer, au feu de l’âtre, le déjeuner frugal. Elle supposa que la présence du muet dans la maison l’avait empêchée de dormir, et qu’elle n’avait cédé au sommeil que le matin, alors qu’avec les ténèbres s’envolent les craintes vagues et les folles terreurs. Cependant comme le soleil montait et que le calme le plus profond régnait toujours dans toutes les parties de la maison, d’ordinaire à cette heure pleine de mouvement et de vie, Madame Lepage entra dans la chambre de Geneviève. Elle recula d’épouvante en poussant un cri. Geneviève la regardait avec ses grands yeux secs et vitreux. Ses cheveux dénoués et mêlés couvraient une partie du traversin de plume. Son oreiller était tombé à terre. Les mains et les pieds de la malheureuse fille, étroitement liés aux poteaux du lit par des courroies de cuir, paraissaient enflés et couverts de taches bleues. Un épais