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dide comme il l’a quittée, la douce Emmélie. Il s’efforce de repousser ces doutes cruels dont il fait un crime aux autres, et malgré lui, ils reviennent sans cesse. Il désire savoir ce que sont devenues les deux femmes : il aime mieux connaître la vérité quelle qu’elle puisse être, que demeurer dans une incertitude aussi amère. Il accoste tout le monde, surtout les gamins, qui voient tout ce qui se passe, entendent tout ce qui se dit. L’un de ces derniers, qui joue à la marraine sur le trottoir où il a tracé, avec de la craie, des carrés et des triangles, lui dit que l’aubergiste de La Colombe a déménagé, la semaine précédente, et s’est embarquée à bord d’un petit bateau. L’ex-élève se rend à la Place, interroge les capitaines des berges, et n’a pas de peine à savoir que son Emmélie demeure maintenant à Lotbinière. Personne cependant ne peut lui expliquer le motif du brusque départ de l’hôtelière, ni la raison de sa retraite à la campagne. Il monte à Lotbinière. Une jeune fille qui revient du champ lui montre, du doigt, la maison des étrangères. Il craint d’y arriver. Il marche à pas lents, les yeux toujours fixés sur cette petite mais coquette maison. Il vou-