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— Si Lepage se levait ! pense-t-elle.

Elle invoque Dieu. Et toujours le fantôme approche. Dans son effroi, elle n’en voit pas deux. Soudain, elle sent une main glisser sur elle, comme une vipère qui rampe sur les herbes tremblantes. Elle frémit. La main curieuse monte jusqu’à sa gorge. La malheureuse fille est glacée comme un cadavre. Elle s’efforce encore de crier et ne pousse qu’un râle amer. Elle s’imagine qu’elle en est empêchée par des doigts crochus qui la tenaillent et veulent l’étrangler. Un visage noir et brûlant se penche sur elle ; des baisers de feu tombent comme des gouttes de plomb fondu sur ses joues humides. Elle veut mordre le misérable ; elle ne mord qu’un linge épais qui lui serre la bouche. Elle veut déchirer de ses ongles le monstre qui la tient, mais ses mains ne sont plus libres. Elle essaie de se jeter en bas de son lit, et ses pieds, saisis par deux bras vigoureux, sont liés étroitement. Alors il se passe quelque chose d’indicible dans l’esprit épouvanté de la pauvre Geneviève. Elle se tord sur sa couche dans le plus affreux désespoir. Une douleur insupportable la saisit tout à coup à la tête,