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se dessine à quelques pas. Elle sent une sueur froide aux pieds et aux mains. La lueur paraît s’élargir lentement. Geneviève regarde avec plus de fixité, mais elle ne bouge pas. Une fenêtre se trouvait vis-à-vis la porte. Quand celle-ci fut assez ouverte, Geneviève put voir, comme une plaque d’argent sur un cercueil d’ébène, le châssis blafard dans le mur noir.

— Mon Dieu ! pense-t-elle, la porte s’ouvre ! je ne rêve point !…

Au même instant les charnières rendent un sifflement plaintif, et une ombre apparaît dans la pâle clarté de la fenêtre. Geneviève veut crier : le son expire dans son gosier serré par l’effroi, ses yeux fixes regardent toujours avec horreur le fantôme qui s’avance silencieux. Elle veut faire semblant de dormir, mais ses yeux ne peuvent se fermer : ils regardent toujours l’apparition lugubre. Elle n’ose respirer, et une masse lourde oppresse sa poitrine. Elle donnerait beaucoup pour que l’enfant couchée près d’elle s’éveillât et se mit à parler,… et elle, paralysée par la peur, elle ne peut remuer un doigt, ni dire un mot.