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Ses vêtements, presque secs, sont devenus chauds, et pour peu qu’il demeure assis, la chaleur le porte au sommeil. Fatigué d’une longue marche, plus fatigué encore d’avoir ramé dans son canot secoué par l’orage, il s’endort enfin sur sa chaise.

— Va-t-il coucher ici ? demande Madame Lepage à son mari.

— On ne peut pas mettre un chrétien dehors, en cette saison, les nuits sont trop fraîches, reprend M. Lepage ; on le fera monter dans la petite chambre du grenier et je barrerai la porte.

— Oui, dit Geneviève à voix basse, il faudra le renfermer.

M. Lepage alla toucher le muet sur l’épaule pour l’éveiller. Le muet fit un bond et se dressa tout surpris. Il rêvait aux brigands et voyait leurs mains s’avancer toutes ensemble, pour l’étrangler.

— Voulez-vous vous reposer ? dit Lepage, nous avons un bon lit à vous offrir.

— Le pèlerin fit signe que non.

— Vous ne passerez pas la nuit debout ou assis près du feu.