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Le pèlerin cheminait en priant dans son cœur pour ses ennemis. Il ne savait pas les complots qu’ils avaient tramés contre lui. Pendant que les brigands, réunis chez mademoiselle Paméla Racette, décrétaient sa mort, lui, à genoux sous la nef simple mais admirable de la vieille cathédrale, il épanchait son âme dans le sein de Dieu. Par une coïncidence singulière, où l’on peut reconnaître le doigt de la Providence, il s’acheminait vers le sanctuaire de Sainte Anne, le jour même que le maître d’école avait choisi pour descendre au Château Richer se venger de Geneviève, et ravir l’enfant à ses parents adoptifs. C’est lui qui s’est arrêté sur le rivage pour voir la chaloupe imprudente tendre sa voile au souffle de la tempête ; c’est lui qui a risqué sa vie pour sauver les misérables cramponnés à la quille de l’embarcation chavirée ; c’est lui qui a surpris les paroles compromettantes des brigands sur l’ilet. Et il s’est hâté de revenir pour déjouer les projets de ces hommes pervers.

Il s’approche du feu. L’eau de ses habits coule sur le plancher autour de lui, et, par moment, il frissonne comme un malade qui a la fièvre.