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Du fond de la braierie on voyait le pont, et nul de ceux qui passaient, n’échappait aux regards curieux des brayeurs.

— Connais-tu ce jeune homme qui descend la côte ? demande tout à coup Sophie Auger à Xavier Déry qui s’approche d’elle avec un paquet de filasse. Déry regarde vers le chemin.

— Non, je ne le connais point. Le connaissez-vous, vous autres ?

Tous les bras s’arrêtent à la fois, et les têtes se tournent vers le pont.

— C’est un étranger, dit Asselin. Puis il ajoute de suite : Espérez donc ! il me semble…

— Le connais-tu, Eusèbe ? C’est Madame Asselin qui parle.

Eusèbe fait ce ridicule mouvement d’épaules et de tête qui veut dire : peut-être, ou : je n’en sais rien.

L’étranger disparaît derrière les arbres, les braies reprennent leur besogne, et les ouvriers moqueurs se mettent à plaisanter le passant inconnu.

— Il est long comme d’ici à demain ! dit l’un.