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Le limier pria le muet de le conduire au repaire des voleurs. Ils sortirent. À quelques pas du presbytère, dans l’escalier de la côte de la Montagne, le muet voit monter aux côtés d’un homme vêtu d’étoffe grise, une jeune fille humblement mise, mais d’une tournure fort remarquable. Son cœur à la reconnaître est encore plus vif que ses yeux. La fillette s’arrête soudain. Ses regards viennent de rencontrer les regards mélancoliques du joli garçon : Le muet ! Joseph ! fit-elle tout haut, dans sa surprise. Bélanger, qui compte en les montant les degrés nombreux de l’escalier, en oublie le nombre.

— Où ? demande-t-il.

Noémie n’a pas le temps de répondre ; le muet est près d’elle et lui tend la main avec une émotion et un plaisir qu’il ne cherche pas à déguiser. La jeune fille met dans cette main franche ses doigts délicats, et elle dit à son ami qu’elle est bien heureuse de le voir rendu à la liberté. Elle lui affirme aussi qu’elle ne l’a jamais pensé coupable. Le muet repose sur elle un regard de sincère reconnaissance. Bélanger le félicite à son tour, et l’invite à venir à Lotbinière. Noémie réitère