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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

lève la tête, regarde autour d’elle avec inquiétude, comme une alouette qui a cru entendre les pas du chasseur. Elle monte sur une souche pour mieux voir, et, en montant elle renverse son panier demi-plein de rouges baies.

— Tante ! dit-elle, — et sa petite voix tremble, tante ! où es-tu ?… Tante !…

Sa voix devient de plus en plus tremblante et brisée. Elle porte la main à ses yeux, et le jus pourpré des fruits se mêle à ses larmes. Elle descend de la souche brûlée et se met à courir. Par bonheur elle se dirige vers la lisière du bois. Alors ! la femme maudite lui, crie : Par ici, petite ! par ici !…

L’enfant tressaille de joie et s’arrête.

— Par ici ! reprend la damnée.

L’enfant retourne sur ses pas et court en sens contraire, s’enfonçant de plus en plus sous les bois. La femme, voyant cela, quitte sa cachette, et marche toujours, appelant sa victime pour mieux la perdre. On entend sa voix de plus en plus lointaine qui crie : Par ici ! par ici ! Puis l’on n’entend plus rien.

L’enfant court longtemps, disant : Tante, attends-moi donc !… Elle est toute mouillée