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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

le dit à Nazaire Filteau. En un instant, tout le village fut sur pied, et une troupe d’hommes dévoués descendit vers le bois du domaine. Ce bois assez peu large s’étendait sur une longueur de plusieurs milles.

Pendant que les hommes battent la forêt, les femmes, à la maison d’Asselin, jasent ensemble. Madame Eusèbe essaie de pleurer : elle réussit mal. Mais les autres femmes, la Pérusse, la Filteau, la Blais, la Bélanger et les jeunes filles, ressentent une douleur réelle, ont de vraies larmes dans les yeux.

— Quand la mère Jean Lozet apprit cette triste nouvelle, elle dit en branlant la tête : Pauvre petite ! je m’y attendais… Ah ! que n’es-tu déjà avec ta sainte mère !

Et elle pleura beaucoup, car elle se souvint de son Léon qui lui avait été ravi alors qu’il n’avait encore que cinq ans, et qui ne lui fut rendu que vingt ans après.

— Les hommes se sont dispersés sous les bois, cherchant, chacun de son côté, la petite fille égarée. Ils ouvrent avec soin tous les taillis, soulèvent les amas de branches sèches et regardent derrière les souches.