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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

La petite est déjà bien fatiguée, n’ayant rien mangé depuis la veille. C’était à dessein que sa tante l’avait condamnée au jeûne. Elles s’amusent quelque temps à cueillir de belles framboises qui sortent comme des rubis à travers les clos d’embarras. L’enfant mange avec avidité les baies succulentes qui pourprent ses lèvres et ses doigts ; la femme semble ne rien voir.

— Ici, tante ! s’écrie la petite, d’une voix fraîche et gaie, dès qu’elle aperçoit une talle rouge ; et, en s’écriant ainsi elle court vers le fruit délicieux : Dieu ! qu’il y en a ! Dieu ! qu’elles sont grosses ! ajoute-t-elle… On va en emporter pour Fifine, pour Doudoune, pour Bébé ! C’étaient les enfants de la Eusèbe.

Madame Asselin répond, s’avançant toujours dans le bois : Par ici ! Là-bas on en trouvera beaucoup plus et de bien plus belles.

L’enfant va de buissons en buissons comme les petits oiseaux que le bruit de ses pas effraie. Le bois devient plus épais et plus élevé ; les framboises sont plus rares. L’enfant risque un mot : Tante, il y en avait davantage dans l’abatis.