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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Ils n’avaient pas prié avant de s’endormir. On ne prie pas quand on veut faire le mal ; et l’on fait le mal aisément quand on ne prie point.

Le lendemain le temps était beau. Les champs ruisselaient de soleil, l’ombré des noyers était d’une fraîcheur agréable. Asselin mit son javelier sur son épaule, et, vêtu de toile, il s’en alla couper son blé. En fauchant, il pensait à ce que sa femme lui avait confié la veille : Elle est hardie et fine, se disait-il, elle se tirera bien d’affaire. Si l’enfant ne revient plus, quel bon débarras ! Joseph n’est pas revenu. Il ne reviendra jamais, j’espère. Je suis le plus proche parent, l’héritier par conséquent… Je vendrai la terre, de crainte que les morts ne ressuscitent… Une fois l’argent dans ma poche…

Dans l’après midi, madame Eusèbe, accompagnée de l’orpheline, s’en alla cueillir des framboises. La femme portait un plat de fer blanc, l’enfant, un petit panier. Eusèbe qui les vit traverser les prairies et monter sur les clôtures de cèdre, se dit : Bon ! les voilà !… Que le diable emporte la petite fille !… Que je ne la revoie jamais !… ni elle ni son frère !

La femme et l’enfant arrivent au bois.