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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

verse sur les doigts de l’infirme une partie du contenu. Ensuite, il s’empare de la jambe détordue. Le vieillard résiste d’abord : Vous me faites trop souffrir, jeune homme, dit-il, je ne suis pas capable d’endurer plus longtemps.

— Allons ! le père, il faut avoir plus de courage que cela : dans un quart d’heure vous serez alerte comme moi. Qu’est-ce que c’est que dix minutes de souffrances ?… Tout en parlant, il saisit le genou du malade dans son poignet d’acier, et la jambe revient en décrivant un demi-cercle, prendre sa position naturelle. Le vieillard hurlait. Sur la berge il y avait des femmes qui pleuraient. Une jeune, entre autres, se détournait pour ne pas voir, tant cela lui faisait mal. Cette femme au cœur tendre, c’était Geneviève Bergeron. La liqueur merveilleuse fut appliquée sur le genou, et le charlatan attendit avec confiance. Tous les yeux étaient fixés sur lui, ou sur le vieillard.

— Sentez-vous encore du mal ? demande le docteur à son patient.

— Oui mais pas autant.

Au bout de cinq minutes, le docteur réitère sa demande, et le patient, sa réponse. Au