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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

de Lotbinière est plus gros. N’importe ! il y a des têtes à bord. C’est le bateau de Sainte-Croix ! Les gens sont naïfs, là ; je vais vendre des médicaments.

Le bateau arrivait : la voile fut pliée. Il décrivit une courbe et vint s’échouer sur la grève du Cul-de-Sac.

Alors on voit sortir de l’auberge de l’Oiseau de proie un vieillard presque aussi laid que Quasimodo. Il marche en se traînant un pied ; et ce pied est tellement tordu que le talon se trouve droit devant. Il a les doigts de la main gauche tout-à-fait disloqués. Il paraît souffrir horriblement, et sa face pâle fait pitié à voir. Les premiers qui l’aperçoivent le montrent aux autres, et tous bientôt se répandent en lamentations sur le sort du malheureux. Le vieux disloqué se traîne vers le bateau.

— Qu’avez-vous donc, père ? vous paraissez bien affligé, dit le plus hardi des passagers. C’est Deguirre, que les gens du canton appellent le philosophe, parcequ’il croit tout savoir, et veut tout expliquer, sans cependant rien connaître.

— L’infirme, poussant un profond soupir et