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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Mais elle n’a pas achevé, que le jeune homme insulté s’est rué d’un bond, le poing fermé, sur son agresseur. Joseph, prévoyant le coup, se tient prêt. Il ne recule point, pare facilement, de son bras gauche, la taloche qui lui est adressée, et, de son poing droit, dur comme une masse, il frappe en pleine figure, le malheureux jeune homme qui roule sur le plancher malpropre, à dix pas au moins. D’autres veulent prendre la défense de leur compagnon. Joseph s’écrie : Si vous vous mettez tous contre moi, vous êtes des lâches !… Venez, un par un, deux par deux, si vous le voulez, et je vous sors tous par la fenêtre !…

Personne ne bouge plus ; personne ne dit rien. Celui qui a reçu le coup de poing se relève tout abasourdi. Faisant contre fortune bon cœur, il dit à Joseph : Pourquoi, me maltraites-tu de la sorte ? pourquoi m’insultes-tu ? je ne t’ai jamais fait de mal.

— Jamais fait de mal, dis-tu ? voleur de bourse !

— Voleur de bourse, moi ?

— Voleur de bourse ? répètent les autres.

— Oui ! continue Joseph… Te souviens-tu,