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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.
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les champs. Il ne se reposa plus de la nuit. Le lendemain matin il était à la côte à Gaspard, dans Sainte Croix. Le succès lui avait rendu l’énergie et la malice ; la course lui rendit l’appétit. Il avisa une laiterie, regarda si on le voyait, entra bravement, but du lait et mit un croûton dans sa poche.

Le deuxième jour il était à Québec, flânant sur les quais et les marchés, dormant dans les auberges, entre les draps de flanelle, payant sans y regarder, et se félicitant de son émancipation. Chaque jour, cependant, il se souvenait de sa mère, et se mettant à genoux, il récitait l’Ave, Maria. Son insouciante gaité ne fut pas de longue durée ; car c’est lui, comme bien on le pense, qui fut soulagé de sa bourse par Picounoc, au moment où il achetait, d’une revendeuse, des petits chevaux en pâte sucrée.

Eusèbe Asselin, sa femme et les voisins fouillèrent en vain toute la grange. Ils ne retournèrent à la maison qu’au lever du jour et de guerre lasse. Madame Eusèbe regrettait plus ses piastres que le marmot. Asselin regrettait de ne pouvoir fustiger l’enfant comme il s’était promis de le faire.

La petite Marie-Louise, la sœur de Joseph,