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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

plancher. Dès qu’il est rassasié il revient dans la maison, se dirige vers la chambre à coucher de ses tuteurs, soulève le lit de plume, plonge son bras droit dans la paillasse pleine de paille fraîche, et retire, joyeux et tremblant, la bourse précieuse de sa tante : Merci ma bonne tante ! dit-il, par moquerie. Jamais je n’oublierai tant de bonté. Adieu, mon oncle ! Ne vous laissez pas mourir de chagrin, si je ne reviens plus ici me faire bâtonner. Léger, il enjambe le perron de la porte de derrière, avec son petit sac de provisions et se dirige vers la grange où il se cache en attendant la nuit. Peu soucieux de l’avenir, car il ne risque rien en s’éloignant de cette maison de malheur, il monte sur le fenil et disparaît dans le foin. Il s’endort.

— Si je le trouve, le misérable ! il me le paiera !…

— Mon argent ! c’est mon argent que je regrette !… Pour lui que le diable l’emporte ! qu’il ne revienne jamais, où…

— Il faut qu’on le trouve ! il faut qu’on le fouette une bonne fois à notre goût !

Joseph, dans son nid de foin, entend ces paroles de menace. Il ne sait s’il rêve ou s’il