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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

pas sur des lèvres jaunes. Picounoc regardant l’enfant s’écrie, parlant toujours du nez : Le miracle de Sainte Anne !

Poussedon demande : Viens-tu du Ciel, mon petit ?

L’enfant, un peu troublé, répond naïvement : Je viens de Lotbinière.

— Alors c’est différent, ajoute Lefendu.

La Louise prend la parole : Je l’ai trouvé pleurant au coin de la rue Sous-le-fort. Il m’a dit qu’il avait perdu son argent et qu’il ne pouvait plus acheter de quoi manger. C’est triste un enfant qui souffre de la faim ! Je me suis laissée attendrir et je l’ai emmené ici.

— Elle s’est laissée attendrir ! répète Tintaine d’un air moqueur !…

Les autres éclatent de rire.

Picounoc dit : Je lui paie à dîner. Viens ici, mon garçon.

L’enfant s’approche de la table.

— Ne prends pas de chaise ; puisqu’il n’y en a pas, et mange.

L’enfant mange sa bonne part de l’omelette et remercie poliment. Quand Picounoc, pour payer, tire sa bourse et jette deux pièces de