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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

fendu. On dira ce que l’on voudra. Si tu n’es pas content, sors !

Pax vobis ! fait l’ex-élève, que la paix soit avec vous ! Continue, Picounoc.

— Oui, mes amis, et je n’ai plus qu’un mot. J’arrive en courant près du gamin, si près que je le heurte. Il tombe, je tombe, nous tombons. Pauvre enfant ! que je dis, t’es-tu fait mal ?

— Pas beaucoup, monsieur.

— Moi non plus.

Et je file… Rendu au coin de la rue Laplace je me détourne, et je vois le gamin qui tâte son gousset d’une main désespérée, et regarde à terre autour de lui d’un œil humide et bien inquiet. Je lève les yeux au ciel : Bonne Sainte Anne, donnez-lui en donc une autre !… et faites que je passe bien près de lui !…

Un fou rire suivit cette histoire impie.

Les sept amis qui se trouvaient ainsi rassemblés dans la cantine de la mère Labourique étaient des gens de chantier. Ils partaient le soir même pour les hauts. Bien des jeunes gens, alors comme aujourd’hui, allaient passer l’hiver dans les bois, et revenaient le printemps sur les cages. Quelques uns de ces hommes