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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

— Credo ! fit l’ex-élève de troisième qui parlait toujours latin.

— Cela me fait plaisir, mes enfants, continue la voix nasillarde de Picounoc, et, pour vous récompenser de votre foi profonde, je vais vous raconter les faveurs signalées dont la bonne Sainte Anne m’a comblé ce matin.

— Ce matin ? demande Fourgon.

— Oui, car si c’eut été hier, je ne vous paierais ni le rhum, ni les omelettes, pour la raison que je n’aurais plus le sou.

— La nuit est mauvaise conseillère, observe Lefendu.

— La nuit comme la faim, continue Poussedon, content de glisser un mot.

— Donc, commença Picounoc, je suis parti pieds nus, et nu-tête pour Sainte Anne.

— Tu n’as rien pris avant de partir ?

— Si ! quelques verres de rhum avec la Louise. À propos, que prenez-vous, vous autres ?

— Un verre de rhum !

— Un verre de jamaïque,

— Allons ! la mère, versez à ces brigands.

— Ça va nous ouvrir l’appétit.