Page:LeMay - Le pèlerin de Sainte-Anne, 1877.djvu/55

Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

vrai nom : long, mince, visage en lame de couteau, voix nasillarde, air caustique et dix sept ans ; Luc Sanschagrin, petit joufflu qui riait toujours et buvait davantage ; Pierre Fourgon : tête de vingt cinq ans, chauve comme ma main, esprit croche et prétentieux ; Paul Hamel, ex-élève de troisième, s’il vous plaît ! chassé de tous les collèges, mémoire heureuse, conscience blindée, capable de décliner tous les noms en latin, mais incapable de décliner l’honneur de boire un coup. Les autres : Ulric Lefendu, Louis Poussedon, et François Tintaine, comme tout le monde : pas trop fins, pas trop bêtes, bons cœurs parfois, plus souvent égoïstes, tous fumeurs et buveurs jusqu’à la mort.

— C’est moi qui paie le dîner !… Madame Labourique, préparez-nous une bonne table ; tout, ce qu’il y a de mieux ! Une omelette au lard et des œufs frais. Attention, la mère ! attention aux œufs ! La dernière fois, les œufs étaient trop vieux et les poulets, trop jeunes ! dit avec volubilité, de sa voix nasillarde, le facétieux Picounoc.

La mère Labourique rit en étendant la nappe trouée sur une table luisante de graisse.