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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

Hélas ! elle n’a pas toujours été dans l’état de démence où le monde la voit maintenant ! mais elle fut un jour, aux yeux de Dieu, bien plus abominable ; et pendant plusieurs années elle fournit ample matière à la médisance. Au reste, les vertus farouches de Marguerite Pagé, de Lisette Mathurin, de Pélagie Miquelon, d’Ursule Richard et de toutes ces jeunes mères qui peuplent d’enfants tapageurs les maisons blanches de mon village, ne se soucient guère de frôler la vertu avariée de leur ancienne compagne. Pourtant quelle femme fut plus aimée du Christ que Madeleine ?… Du Christ, oui ! mais des autres femmes ?…

Les événements auxquels je fais allusion avaient eu lieu au mois d’octobre de l’an 1849. Le deuxième et le troisième dimanches de ce mois, l’on vit, à la porte de l’église, les groupes de jaseurs se former plus nombreux et s’attarder plus longtemps que de coutume. Il est vrai que M. le curé avait su raconter, dans ses sermons, comment le doigt de Dieu se voit partout, et comment le Seigneur peut faire tourner chaque chose à sa gloire. Il avait parlé du muet, de la folle, et de la mort affreuse du malheureux étranger. Il eut le cœur gros