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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

avec un bruit assourdissant ; le maître récite le « Sub, tuum comme il aurait dit. » Allez vous promener ! et la salle se vide en un clin d’œil.

Le petit Joseph ne se hâtait pas d’arriver à la maison. Il savait qu’un nouveau châtiment l’y attendait. Hélas ! être puni une fois pour une faute, c’est déjà bien pénible. Être puni deux fois, c’est injuste. Mais être puni deux fois pour une faute que l’on n’a pas commise, c’est révoltant. Joseph ne se révolta pas encore. Son tuteur, sombre et bourru, parce que la pluie de la veille l’avait empêché de serrer du foin, le repoussa d’une main rude loin de la table où fumait, dans une large terrine, la soupe au lard.

— Tu te passeras de dîner pour t’apprendre à être plus propre, lui dit-il de sa voix menaçante.

L’orphelin sort. Il va se coucher dans le foin, au bord de la prairie, et s’endort en pleurant. Alors il fait un songe et goûte un instant de bonheur. Il rêve qu’il revient de l’école coquettement revêtu d’un gilet neuf et chaussé de souliers luisants. Il a su ses leçons et gagné la première place. Le maître l’a gra-