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LE PÈLERIN DE SAINTE ANNE.

provoque le rire de ses compagnons et la colère du maître qui lui tire rudement l’oreille, et le conduit à la queue de la classe, comme on traîne à la porte un chien désobéissant.

Les écoliers récitent ensuite, par cœur, quelques phrases du petit catéchisme, sans avoir l’air d’en comprendre un mot. On apprenait alors, hélas ! il nous faut bien l’avouer, à la façon des perroquets ; on apprenait la lettre du livre sans s’occuper d’en comprendre le sens. Le raisonnement et l’exercice du jugement étaient inconnus. Aussi que d’ignorance et de pauvreté d’idée chez les grands élèves qui laissaient, pour cause d’âge, les bancs de l’école. Les maîtres étaient bien les plus blâmables, après les commissaires d’école qui trop souvent, ne savaient pas lire, et n’avaient pas assez de délicatesse ou d’humilité pour décliner une charge qui ne peut être bien remplie que par des gens instruits et intelligents. Plus digne de blâme encore le peuple aveugle qui choisissait l’ignorance pour surveiller la science et noter ses progrès ! Plus encore, la loi qui permettait au peuple jaloux une pareille aberration !

L’école finie, les écoliers se jettent à genoux